Pour faire face à une prévision de croissance en baisse pour l’année 2024 et alors que les profiteurs de la crise prospèrent(1), le gouvernement plutôt que de redistribuer leurs superprofits a décidé de réduire le financement des services publics qui sont « le patrimoine de ceux qui n’en ont pas ». Le décret paru le 21 février 2024(2) annule 10 milliards d’euros de dépenses budgétées dans 29 ministères allant de l’écologie à l’enseignement supérieur, en passant par la justice, la culture, la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances, …
Les missions « Écologie, développement et mobilité durables », « Travail et emploi » ainsi que « Recherche et Enseignement supérieur », subissent des coupes budgétaires drastiques : 2,2 milliards d’euros en moins pour l’écologie (22 % des coupes), 1,1 milliards d’euros en moins pour la mission « Travail et emploi » (11 % des coupes) et 904 millions d’euros de crédits en moins pour la recherche et l’enseignement supérieur (9 % des coupes) alors que ces trois missions représentaient respectivement 5,2 %, 7 % et 7,5 % des 429 Md€ du budget de l’État dans la loi de finances initiale pour 2024(3).
Pour la recherche et l’enseignement supérieur, ce sera 3 % en moins ce qui annule la croissance du budget 2024 de la MIRES et le ramène au niveau de 2023, bien loin des besoins et des propos d’E. Macron le 7 décembre dernier qui promettait de faire de la recherche une priorité. Le signal est catastrophique. La réalité le sera également pour l’ESR.
Au chapitre des coupes budgétaires :
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80 M€ en moins pour l’enseignement supérieur et la recherche universitaire soit en moyenne 1 million d’euros de budget en moins pour chacune des universités, c’est à dire l’équivalent de 1300 emplois qui ne pourront être créés alors que les départs à la retraite sont amenés à être massifs dans les années à venir et que les formations et la recherche fonctionnent déjà à flux plus que tendu;
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193 M€ en moins pour la recherche spatiale soit -8,5 % par rapport à la loi de finances initiale 2023 (c’est-à-dire que, vis-à-vis de nos partenaires européens, la France ne paie pas cette année sa quote-part et qu’elle devra la rattraper les années suivantes) ;
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110 M€ en moins pour la recherche dans le domaine de l’énergie, du développement durable et de la mobilité durable (l’équivalent de 1600 emplois qui ne seront pas créés), ce qui rend les grands discours sur la transition énergétique bien creux et pointe une nouvelle fois le grand écart entre les déclarations d’intention, les effets d’annonce et la réalité des choix politiques ;
Ces suppressions (qui représentent l’équivalent de plus de 5250 emplois pour le secteur de l’ESR) oblitèrent la capacité de notre pays à répondre aux enjeux sociaux et environnementaux d’aujourd’hui et de demain. Il est temps de défendre les services publics, nos emplois et les missions rendues à la population. Alors que les profits et les dividendes servis aux actionnaires atteignent de nouveaux records en 2023(4), que la France est dans le Top 3 mondial en nombre de millionnaires, les services publics ne doivent pas être la variable d’ajustement des politiques économiques gouvernementales. D’autres ressources plus justes et plus équitables sont possibles et souhaitables.