Un après-midi avec Jiminy Cricket dans un Conseil Académique quelque part en France Imprimer

JiminyCricketV2

Le célèbre Jiminy Cricket se coince une patte dans la fermeture éclair de la serviette d’un élu FSU du Conseil Académique. Il assiste donc contraint et forcé à ce moment de la vie démocratique d’une université française.

 

M… je me suis coincé la patte. On y est pour combien de temps ? Voyons l’ordre du jour : plus de 20 points à l’ordre du jour ! Je suis pas sorti !

 

D’abord le CAC en formation plénière… Infos générales. Le Président fait état d’une demande de report de la présente réunion émanant d’une organisation syndicale en raison d’une journée nationale de grève et manifestations. Le Président n’a pas accédé à cette demande du fait notamment du programme chargé à venir (c’est pas faux vu l’ordre du jour). L’élu FSU à côté confie à son voisin : je préfèrerais être à la manif avec les copains sous le soleil du dérèglement climatique. Déjà que X n’a pu venir au CAC à cause de cours non déplaçables dans des plannings semestriels sur-contraints !

Et suit une petite discussion entre eux sur la grève comme mode d’action des universitaires… Bon, puisque je suis une conscience officielle, je ne sais pas si je ne vais pas les dénoncer à la direction du SNESup pour louper la manif ?

Approbation des Procès Verbaux après restitution à chaque auteur de ses interventions lors des séances précédentes.

Quelques points sont examinés rapidement avec au maximum une question émanant d’un élu sur chaque point. Un élu FSU (celui de la serviette dans laquelle je me suis coincé la patte) est un peu bavard (enfin comparativement). D’ailleurs la formation plénière est déjà terminée… en 20 minutes. Je sortirai peut-être plus vite que je le croyais.

 

On passe en formation restreinte aux Enseignants-Chercheurs. Enfin, une première version dite « non paritaire » (cela veut dire que ce n’est pas grave s’il n’y a pas le même nombre de femmes que d’hommes). Le Président précise qu’il assistera au premier point à l’ordre du jour et qu’il laissera l’animation de la suite des débats aux vice-présidents. Le sujet doit donc être d’importance (?). Il s’agit justement de composer le CAC restreint « paritaire » à partir du « non paritaire ». Et le Président de décliner la procédure, puis de préciser qu’en alternative à sa proposition, une autre émanant des élus FSU lui a été adressée conformément à la dite procédure. Il y aura donc vote, après d’éventuelles interventions... L’élu FSU (bavard) prend la parole :

En tant qu’élus FSU au CAc, nous avons été fort surpris, et c’est un euphémisme, par la proposition du Président de l’UM. D’autant que cette proposition n’est aucunement motivée. Ni par écrit lors de l’envoi fait aux élus, ni oralement dans la présentation du Président.

Pour réaliser l’exclusion de 3 d’élus masculins, la proposition du Président revient à exclure 3 élus FSU (sur 7). Rappelons que les 7 élus FSU au CAc se répartissent en 3 Femmes et 4 Hommes, donc une répartition proche de la parité.

Cette proposition a 2 conséquences, premièrement le non respect de la représentation de la diversité des sensibilités issue des élections, deuxièmement la détérioration de l’équilibre des secteurs disciplinaires puisque les élus FSU exclus relèvent tous du secteur Sciences et Techniques.

Sans épiloguer sur les motivations de la proposition présidentielle (impossible d’ailleurs puisque les motivations n’ont pas été exprimées, ni par écrit ni oralement), notre proposition consiste à un rééquilibrage a minima avec la réintégration d’un élu FSU.

Le Président répond que sa proposition respecte les élections et les disciplines (?!?). On passe au vote. Et là les formes de la démocratie sont scrupuleusement respectées : bulletins imprimés (en couleurs), enveloppes, urne, appel des votants un à un, émargement… il y a même deux isoloirs qui traînent dans la salle, mais non utilisés. C’est long, beaucoup plus long que le « débat ». Cela permet à chacun de consulter son portable. Résultat : proposition FSU, 7 voix, proposition du Président, le reste. A défaut de respect des sensibilités et des disciplines on aura eu une démonstration de DISCIPLINE dans une démocratie réduite à sa forme.

Les élus FSU sont un peu décus. En aparté…

X : J’attendais tout de même mieux de certains de mes collègues.

Y : C’est vrai. Certains, dans un passé pas si lointain, étaient plus ouverts au débat. Enfin, faut pas désespérer, mais le mandat va être dur.

Z : Cette fixette du Président contre la FSU, c’est un peu irrationnel, non ?

X : C’est quand même un procès en illégitimité des élus FSU ! Au point d’instrumentaliser une procédure (mal foutue) de restauration de la parité absolue F/H, c’est élégant ! Cela vaudrait le coup d’interroger Marlène Shiappa sur ce détournement.

 

Reprise de l’ordre du jour. Examen des Comités de Sélection (CoSel) pour le recrutement de MCF. Le VP CFVU égrène la composition des CoSel en proposant toutes les options de vote (NPPV, abstention, Contre, Pour, adopté…). Le rythme est de plus en plus rapide – Je le comprends le VP, c’est pas drôle.

Un peu d’animation, avec quelques brefs échanges, sur le point suivant portant sur les « mises en situation professionnelle » lors des auditions, avec seulement 2 CoSel qui en proposent.

 

Pour des échos croustillants de la formation « paritaire » (sur les cas individuels en plus) qui a suivi, vous repasserez car je suis sorti, toujours coincé dans la fermeture éclair de la serviette d’un des élus FSU exclus par la procédure ci-dessus.

 

De retour pour la formation restreinte aux Professeurs (là, la parité n’est pas exigée ?), on reprend la litanie des CoSel. Cela s’anime un peu quand certains constatent des pratiques de composition fort différentes d’une discipline à l’autre. Faut-il homogénéiser les pratiques ? Vérifier en amont du CAC l’admissibilité des compositions ? Ou se contenter des limites contenues dans le décret national ?

Bon l’élu de la serviette sort du CAC… « que fait-il ce cricket sur ma serviette ? Allez, je te libère. Je ne sais pas si tu t’es amusé cet après-midi, toi, mais moi pas vraiment, on peut en sourire, mais c’est pas vraiment drôle. Allez Ouste ! »