Réduction drastique des volumes horaires à la Faculté des Sciences Imprimer

Cette communication est principalement destinée au personnel de la Faculté des Sciences, mais d'intérêt pour l'ensemble de notre communauté.


Position de la section Snesup-FSU campus Triolet


La pression budgétaire sur notre établissement, et plus spécifiquement sur les budgets alloués aux formations initiales, impose une très forte réduction des heures enseignées à la Faculté des Sciences, en vigueur dès cette rentrée. Après une première réduction de 7 % mise en œuvre au printemps 2018, c'est une deuxième réduction de 10 % qui tronque nos formations en cette rentrée, soit -15 % en deux ans. Dit autrement, nos étudiants de licence, sur 3 ans, perdent en enseignement présentiel l'équivalent d'un semestre d'enseignement !

 

Cette nouvelle a été annoncée le 17 juillet par la direction de l'UFR, devant un amphi rempli, mêlant les personnels enseignants, administratifs et techniques, enseignants-chercheurs, partagés entre la colère et l'incompréhension, le ressenti d'injustice et de perte de sens de leur travail, car c'est un choc fort qui touche le cœur de notre métier. Désormais alors que la rentrée bat son plein, chacun se retrouve confronté à des choix et des décisions qui vont à l'encontre de principes et de valeurs partagées.


Par cette communication, la section Snesup souhaite rappeler ces valeurs, donner son analyse et interpeller chacune et chacun : si nous ne bougeons pas aujourd'hui, lorsque notre travail est si fortement attaqué, alors quand saurons-nous exprimer notre refus ?

Un contexte national

Trois causes se cumulent pour contraindre le budget de notre composante cette année :

  1. La dotation de l'UM a été pratiquement figée avec l'autonomie demandée en 2010 par nos établissements, dans le cadre de la LRU. Depuis, l'augmentation de notre masse salariale doit être compensée par des « ressources propres », c'est-à-dire du chiffre d'affaires.

  2. La FdS a su obtenir des financements de l'ANR (appelés projets Idefi dans la période 2012-2016), qui arrivent à échéance. Ces appels à projets, sont désormais dénommés « Nouveaux cursus universitaires » (NCU1), orientés vers la professionnalisation, la formation non initiale, le numérique pour remplacer le présentiel2; et Écoles Universitaires de Recherche (EUR3), pour créer un système de masters à 2 vitesses (EUR = excellence). Toutes composantes de l'UM confondues, aucun projet NCU ou EUR n'a pu être financé en 2017-2019, le nombre de projets acceptés par l'ANR ayant fortement chuté.

  3. Pour imposer la mise en œuvre de l'augmentation des frais d'inscriptions pour les étudiants hors UE, le ministère a diminué nos dotations, tout en nous laissant « libres » de choisir si nous mettions en œuvre de telles augmentations notoirement injustes pour le public extra-communautaire de la FdS (dont la plupart sont boursiers !).

Notons que la tourmente des pressions budgétaires et des « politiques de site » ne touche pas que notre faculté, 2 UFRs de sciences disparaissant du paysage : la Faculté des Sciences de Lyon 1 est démantelée au 1er janvier 2020 au titre de l'Idex, et celle de Nantes deviendra une filiale de l’Ecole Centrale Nantes pour satisfaire la construction de l'iSite et de l'Université-cible Nantes-Université4. Plus généralement, le changement de modèle économique des composantes fragilise toutes les UFRs centrées sur la formation initiale, incompatible avec la génération de « ressources propres »

Une iniquité interne à l'UM

La Faculté des Sciences est à notre connaissance la seule touchée par de fortes réductions horaires en cette rentrée 2019. Elle joue pourtant un rôle « collectif » majeur au sein de l'établissement, qu'il convient de rappeler : parcours adaptés pour les "Oui, Si ..." de ParcourSup, formations PEIP pour Polytech, poursuite d'étude d'étudiants de l'IUT, licences dédiées au master « CAPES » de la Faculté d'Education, passerelle avec la PACES et désormais filière "médecine" parallèle suite à la sélection en L1 PACES … Les personnels de la composante travaillent pour l'ensemble de l'établissement, et pas seulement pour les futurs diplômés « FdS ». Les enseignants, enseignants-chercheurs et administratifs de la FdS voient leurs conditions de travail des ECs/E se dégrader plus fortement que dans les autres composantes. Comment pourraient-ils ne pas ressentir d'insatisfaction à ne pas respecter nos engagements pédagogiques avec les étudiants, en n'étant pas en mesure de dispenser la formation accréditée dans le LMD4 ? Comment répondre à la pression tacite pour faire gratuitement les heures auparavant intégrées au service ? Préférez-vous enlever 15% des enseignements, compter vos CM en TD ou faire bénévolement ces 15% ? Des principes simples nous interdisent de choisir l'une ou l'autre de ces options imposées.

Face à cette iniquité en interne, que reflète les budgets « ressources propres » des différentes composantes5, l'aide budgétaire exceptionnelle accordée par l'UM est clairement insuffisante pour répondre aux enjeux.

Une décision et une mise en œuvre déficiente à l'intérieur de la FdS

Enfin, les collègues ne comprennent pas la précipitation et les incohérences de la direction de la composante. Pourquoi le bilan de la précédente réduction horaire est-il si flou ? Pourquoi ne pas communiquer vis-à-vis des étudiants, alors qu'avec un semestre en moins à l'échelle d'une licence : nos diplômes sont dévalorisés ? Aurons-nous des règles du jeu claires et remportant une large adhésion pour construire la prochaine accréditation de nos futures formations ?

Chaque responsable de parcours/d'UE s'interroge à raison sur la manière d'informer les étudiants, et d'identifier clairement les créneaux supprimés, et les messages pour donner du sens à cette information, avec un fort sentiment d'isolement.



Des principes à l'action ?

Nous appelons dans un premier temps les collègues à participer massivement à la prochaine réunion convoquée par la direction de la FdS le jeudi 12 septembre, et à y exprimer leur position.

D'autre part, nous proposons aux collègues de la FdS de nous rejoindre ce lundi 9 septembre à partir de midi sur la terrasse devant le restaurant administratif Minerve, pour faire vivre notre parole et savoir comment la porter plus haut. Plus nous serons nombreux, plus nous serons en mesure de faire valoir notre position.

Enfin, nous invitons l'ensemble des personnels à participer aux réunions d'information syndicale à venir : Nous sommes attaqués de toute part, statut de fonctionnaire, retraites, budgets, déqualification de notre métier... mobilisons-nous !

 

2 Un bel exemple de NCU pour démanteler l'enseignement présentiel, le projet PARM à Tours : https://larotative.info/vers-une-disparition-programmee-3313.html