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Mutation des enseignants-chercheurs

L'Université de Montpellier ne joue pas le jeu

 

La procédure de mutation entre universités des maîtres de conférences et professeurs a été remise en place par la loi Fioraso l'an dernier, en 2015, sous la pression des organisations syndicales. Elle permet l'examen des demandes de mutation (rapprochement de conjoint ou handicap) sur les concours MCF et PR, avant même l'ouverture du concours aux autres candidats. C'est au Conseil Académique (CAc) d'examiner ces demandes, avec comme seul critère recevable l'adéquation du candidat au profil du poste.

 

Lors de la campagne de concours 2015, les contraintes de procédure et de calendrier n'ont pas permis que ces demandes de mutation soient correctement prises en compte, et aucune mutation n'a été accordée. Mais en 2016, c'est par choix politique, voire idéologique, que notre établissement, par son conseil académique, a refusé catégoriquement toute mutation (vote 20 contre 4). Pourtant, parmi les 9 dossiers présentés, 3 collègues semblaient éligibles à la mutation.

Derrière des arguments techniques, c'est bien une ligne idĂ©ologique qui a sous-tendu tout le dĂ©bat : dans une UniversitĂ© d'Excellence, la mutation n'a pas sa place, et toutes les dispositions sont prises pour assurer le meilleur rendement possible des composantes et laboratoires, quitte Ă  conduire des personnels dans l’impasse.

Rappelons la saine procĂ©dure mise en Ĺ“uvre cette annĂ©e Ă  l'UM : le comitĂ© de sĂ©lection qui devra se prononcer sur le (vrai) concours dĂ©signe par son prĂ©sident deux rapporteurs, l'un interne et l'autre externe, qui transmettent au CAc leur avis sur le dossier de mutation. Le CAc restreint dĂ©libère ensuite sur cette base.

 

Florilège d'arguments dĂ©ployĂ©s :

  • Les rapporteurs du comitĂ© de sĂ©lection, saisis d'un dossier, donnent-ils un avis favorable ?

    Ils Ă©taient sĂ»rement mal avisĂ©s ; le CAc prĂ©fère Ă©couter la parole du Vice-PrĂ©sident (VP) devenu expert, ou d'un Ă©lu membre de la composante concernĂ©e, pour s'opposer Ă  la mutation.
  • Un candidat a t-il vu son activitĂ© de recherche Ă©valuĂ©e favorablement par le CNU, obtenant la PEDR ?

    Son activité n'est cependant pas assez bonne pour notre établissement.
  • Un candidat enseigne t-il depuis plusieurs annĂ©es via des conventions dans nos composantes, reconnu par nos Ă©quipes pĂ©dagogiques, et fait-il sa recherche dans nos UMRs en adĂ©quation avec le profil recherche ?

    Ce candidat ne maĂ®triserait pas les techniques pĂ©dagogiques attendues, motif d'inadĂ©quation au profil d'enseignement. Un candidat sortant de postdoc recrutĂ© par le (vrai) concours les maĂ®trisera t-il mieux ?
  • Un candidat se prĂ©sente t-il Ă  la mutation dans une composante dĂ©rogatoire (non-UFR) ?

    La menace d'un veto de la composante est brandie, veto qui ne saurait pourtant se baser que sur des motifs d'ordre administratif et non sur l'adéquation au poste.
  • Quelques annĂ©es en arrière, un candidat a-t-il Ă©tĂ© admis Ă  l'audition pour un poste de professeur dans le mĂŞme axe du laboratoire devant accueillir la personne recrutĂ©e, admissibilitĂ© jugĂ©e en son temps par un comitĂ© de sĂ©lection  ?

    Le profil recherche du poste MCF de cette année est radicalement différent, et le candidat à la mutation n'est malheureusement plus dans la droite ligne scientifique.
  • Un candidat a t-il son conjoint MCF comme lui, dans une autre universitĂ© ?

    Que le conjoint demande la mutation dans l'autre sens, ose Ă©crire un rapporteur dans son exposĂ© des motifs, sans que cela ne choque le CAc ni ne remette en cause la recevabilitĂ© de son avis !
  • Quelle est le niveau d’investissement dans la recherche de la candidate ?

    La partie recherche est faible, même en tenant compte des congés maternité, ose écrire un autre rapporteur, sans que cela ne choque non plus le CAc.

    La fête des femmes sur l’UM, c’est seulement du 1er au 31 mars ...

 

Poste par poste, les arguments oscillent, louvoient, s'enlisent, se contre-disent, mais la ligne suivie est claire : il est hors de question de crĂ©er un prĂ©cĂ©dent. Un recrutement Ă  la mutation enlèverait toute sa noblesse au concours, ternirait l'image de l'Ă©quipe, de la composante, et l'EXcellence de l'Ă©tablissement s'en trouverait affaiblie.

 

Pourtant, combien de collègues connaissons-nous qui ont eu la chance de pouvoir se rapprocher de leur conjoint par une mutation (dans l'ancien temps, avant les RCE, lorsque nous avions tous le ministère de l'ESR comme employeur) ou par un Ă©change de poste (après RCE) ? Combien connaissons-nous de collègues proches, qui vivent le blocage des mutations dans le monde universitaire, qui ont eu une famille, des enfants, vivent sur deux sites Ă©loignĂ©s ?

 

Reconnaissez là l'emprise idéologique qui imprègne désormais toute notre communauté de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche.

Celle que porte ici l'UM, via son vice-président mais aussi via l'immense majorité des élus au CAc, partie prenante ou silencieuse.

La même qui motive une carte des universités à 2 vitesses.

La mĂŞme qui fait dire Ă  certains que le fonctionnariat et la recherche de haut niveau sont incompatibles.

La même qui place la concurrence entre collègues au-dessus de la collaboration dans nos équipes.

La même qui préfère aiguiser la concurrence entre établissements voisins plutôt que d’œuvrer à une politique de site fédérative.

 

Pour conclure, projetons-nous dans quelques annĂ©es, lorsque le ministère aura suivi la prĂ©conisation de son inspection gĂ©nĂ©rale de « lever le tabou des 192h Â» (rapport IGAENR publiĂ© le 16 mars 2016). Ce sera ce mĂŞme CAc, et le CA qui lui ressemble en tous points, qui saura dĂ©ployer ce mĂŞme florilège d'arguments pour dĂ©finir VOTRE service d'enseignement, et vous affecter tantĂ´t 130h pour « EXcellence Â», tantĂ´t 250h pour « investissement excessif dans nos formations Â».

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